Lilas ou Jasmin
Un jour, peut être, elle ira courir
dans les jardins remplis de lilas ou de jasmin.
Mais ce soir, elle
n'a que sa tête remplie d'histoires, et le souvenir de l'odeur quand
elle frottait son petit nez au creux de son cou.
Sortir, pour
trouver se silence ou les particules de mémoires ne viendraient pas
trop cogner, dans sa tête, dans son cœur.
Ne pas cogner trop
fort, pour ne pas pleurer...
Alors en chemise de nuit, elle sort,
pied nue. Il a fait si chaud ces derniers jours, que le sol en est
tiède.
Elle marche à pas de loup, dans sa rue, puis remonte une
ruelle, retrouver l'endroit, ou tous les deux ils s'étaient assis,
un instant.
L'orage d'été gronde au dessus d'elle.
Il gronde
de plus en plus en fort, le vent s'élève. Quelques lumières
vacillent après quelques coups de tonnerres, au loin dans la
ville.
Non, elle n'a pas peur ce soir. Elle veut attendre
que le ciel lui tombe sur la tête.
Enfin, quelques gouttes de
pluies viennent s'éclater sur son visage.
Enfin, elle pourra
pleurer, et personne ne saura son secret.
La pluie redouble de
violence, le vent la fait frissonner un peu, juste se qu'il faut pour
que son cœur éclate lui aussi en milles morceaux.
La ville
s'éteint. Tout est si noir, comme elle ce soir.
Ses yeux levés
vers ce ciel si orageux, la pluies qui se mélange aux larmes, la
bouche entrouverte, elle laisse couler ce nectar un peu salé entre
ces lèvres.
Son corps trop lourd, se laisse tomber. A genoux, la
tête toujours en arrière, aucun cris ne pourraient perturber la
ville qui dort sous les grondements des éclairs.
Elle se libère,
de ce trop pleins de chagrin. Tant de larmes ce soir, tant de pluie
aussi...
Et plus l'orage montre sa colère, plus son cœur se
serre.
Le vent a redoublé lui aussi, et dans un murmure, elle
envoie tous ces mots d'amour.
Les poings serrés, elle qui
n'arrive même plus à les écrire, elle les chuchote.
Et sa lui
fait un bien fou, d'entendre au creux de son oreille ces douceurs que
plus personne ne lui dit.
La ville se réveille, la ville à un
peu peur.
Elle, à genoux, les paumes de ses mains levées au
ciel, sourit à présent.
Sa chemise de nuit colle à sa peau, ses
seins se dessinent sous ce voile transparent, elle est nue face au
vent, à l'enfer qui grogne au dessus d'elle.
Ses larmes se
calment dans un dernier soupir. Le vent lui aussi dans un ultime
effort repousse l'orage au loin, plus loin maintenant.
Encore
quelques instant, elle ne bouge pas. Puis elle se relève, trempée
mes légères d'avoir pu laisser l'orage qui la rongeait, éclater
sous les feux tumultueux d'une nuit d'été.
Elle reprendra le
chemin inverse pour rentrer chez elle. Et sous la douche se
réchauffera un peu.
Enfin sous sa couette, elle peut rêver de lilas, blanc ou violet et de jasmin...